Le Beate Uhse Erotik-Museum, à Berlin

Beate Uhse Erotik-Museum, à Berlin : visite virtuelle

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Continuons notre tour du monde virtuel des musées du sexe et de l’érotisme. Après le musée de l’Érotisme de Paris, passons maintenant à l’un de ses analogues allemands : le Beate Uhse Erotik-Museum.

Situé à Berlin, le Le Beate Uhse Erotik-Museum affirmait fièrement être le plus grand musée de l’érotisme du monde. L’immense bâtiment qui l’hébergeait en témoignait.

Beate Uhse Erotik-Museum
Photo : galerie Flickr d’Arcadiuš, Creative Commons.

Histoire du musée et de sa fondatrice

Passionnée par l’aviation, dans les années 1930, Beate Uhse devient la seule femme allemande à exercer le métier de pilote cascadeur pour le cinéma. Mais pendant la Seconde Guerre Mondiale, plus de cascades. Beate Uhse accepte alors de s’enrôler dans la Luftwaffe en tant que pilote de ligne pour pouvoir continuer à voler.

Après la guerre, veuve et interdite de vol en tant qu’ancien membre de l’aviation militaire allemande, elle doit donc changer de carrière. Elle vit à Flensburg, en Allemagne de l’Ouest, avec son fils, et se tourne vers le marché noir pour gagner sa vie. Elle fait du porte à porte, vend des marchandises aux ménagères, et, au fil des confidences, découvre leurs préoccupations.

Une brochure sur la contraception

Les maris, rentrés de la guerre et contents de retrouver leurs épouses, n’ont qu’une hâte : réviser leur kamasutra. Sauf que, sans moyen de contraception, qui dit sexe, dit grossesses. Et dans une Allemagne coupée en deux, dévastée par les bombardements et donc sujette à une pénurie de logements, la perspective de concevoir un enfant ne fait pas rêver. Faute d’autres méthodes, beaucoup de femmes se débrouillent donc pour avorter, dans la clandestinité et souvent au péril de leur vie.

Beate Uhse, qui a reçu une éducation très moderne, s’y connaît en contraception. Elle se renseigne donc sur la méthode d’Ogino-Klaus, qui consiste à compter les jours du cycle menstruel et à s’abstenir aux alentours de la période d’ovulation (méthode peu fiable, certes, mais à l’époque, c’était déjà mieux que rien), et rédige un brochure à ce sujet.

Intitulée “Schrift X”, sa brochure, qu’elle vend par correspondance, a un franc succès. Et très vite, elle commercialise également des préservatifs et des livres de “conseils conjugaux”.

Le premier sex-shop moderne

En 1962, elle finit par ouvrir une boutique, très controversée, consacrée à l’hygiène du couple, considérée comme le premier sex-shop moderne.

Bien que Beate Ushe soit décédée en 2001, son entreprise existe toujours, sous les noms de marques Beate Ushe, Pabo et Adam et Eve.

Le musée de l’érotisme

En 1996, elle fonde le Beate Uhse Erotik-Museum, un musée qui expose plus de 5000 objets d’art érotique, dans une superficie de 2000 mètres carrés, répartie sur trois étages. Sous le musée se trouve un sex-shop.

Le Beate Uhse Erotik-Museum a malheureusement fermé ses portes en 2014. En effet, le propriétaire du terrain qui l’hébergeait, l’investisseur américain Hines, a exprimé le souhait de démolir le bâtiment, trop olé olé à son goût. Le musée prévoyait initialement de trouver de nouveaux locaux, mais le projet a finalement été abandonné.

Visite virtuelle du Beate Uhse Erotik-Museum

Faute de pouvoir encore le voir en vrai, il est toujours possible de se faire une idée de l’immense collection du Beate Uhse Erotik-Museum, grâce aux photographies prises par ses visiteurs.

Voici donc une petite galerie :

Source : galerie Flickr d’Arcadiuše, Creative Commons.

L’autre musée de l’érotisme allemand : fermé lui aussi

En Allemagne comme en France, les musées du sexe européens semblent subir une véritable hécatombe. L’Erotic Art Museum, à Hambourg, a fermé en 2007.

Source : galerie Flickr de Reinhard Schuldt, Creative Commons.

Collectionneuse compulsive de sextoys, testeuse pointilleuse et exhibitionniste débutante.

10 réflexions sur “Beate Uhse Erotik-Museum, à Berlin : visite virtuelle”

  1. Impressionnant comme ces dernières années les pères (et les mères) la pudeur ont réussi à faire fermer les musées érotiques et tout ce qui montre le corps en général. Heureusement qu’il existe le net parce que sinon je crois que la plupart des œuvres sombreraient dans l’oubli. Je suppose aussi qu’il y a très peu de représentants publiques qui auraient le courage de financer des musées sur ce thème.

    Pour ce qui est de la libération des corps, en ma verte jeunesse il était courant, sur les plages, l’été, que la majorité des dames aient la poitrine dénudée et pas seulement en plage nudiste. Si l’ado que je fus y jetait parfois un œil curieux, la règle implicite était de ne surtout pas fixer la zone et tout le monde vivait en paix. Il me semble que le virage s’est fait dans les années 2000, bien avant l’arrivée des vêtements type h!j@b. Fichue mode américaine. Quand j’ai entendu parler des cache-tétons qu’ils ont là bas, j’ai rigolé en pendant que nous, français, on ne se ferait jamais avoir avec une telle c0nnerie. Ben non, ça s’exporte!

    Sacrebleu, si “on” nous a donné un corps, c’est pas pour les planquer!
    La nudité c’est naturel (sauf quand il fait froid! :D )!

    1. C’est vrai que c’est un peu triste… Du coup je regrette un peu d’être passée à côté du musée de l’érotisme de Barcelone sans le visiter (on ne savait pas encore qu’une bonne partie de ses congénères avaient fermé, on a hésité à y entrer, mais on avait un peu la flemme et l’entrée était pas donnée).

        1. Sur Flickr, parmi les images sous licence Creative Commons (notre source principale d’illustrations pour quand on ne prend pas les photos nous-mêmes).
          Idem pour l’article sur le musée de l’érotisme de Paris (les auteurs sont cités dans l’article, si tu veux rechercher les galeries pour en voir davantage, là j’ai fait une sélection).

    2. Sinon, pour la mode des seins à l’air libre sur la plage, je pense que c’est un peu lié à la peur du cancer de la peau et du vieillissement prématuré, aussi. On a moins envie de se faire rôtir les miches depuis qu’on sait que ça les abîme.

      Mais la tendance refait surface, j’ai l’impression. Il y a quelques années, plus personne ne se bronzait les nibards, alors que récemment, ça revient un peu.

      Après, bon, ça dépend de l’endroit, aussi. Si tu te fais emmerder / draguer par des relous / jeter par les darons de la famille Ronflonflon au moindre centimètre carré de peau exposé, tu vas pas forcément choisir le même dress code que dans on endroit tranquille où on te fiche la paix.

      1. “Je pense que c’est un peu lié à la peur du cancer de la peau et du vieillissement prématuré, ”
        Le crabe de la peau, c’est valable pour toute la peau. Dixit celui qui a réussi à se faire un coup de soleil aux orteilles. L’écran 50 ou plus, waterproof, y a que ça de vrai. En plus ton (ta) partenaire sera ravi de t’aider à l’étaler. ;-)

        ” Si tu te fais emmerder / draguer par des relous / jeter par les darons de la famille Ronflonflon au moindre centimètre carré de peau exposé”
        Pas faux.
        D’où l’intérêt pour les pas-relous et les pas-Ronflonflon d’envoyer vertement chier lesdits ronflonflons et autres relous.

        Je suis assez le mouvement metoo bien que pas directement concerné parce que, n’étant pas un lourdingue de la drague, j’estime que les lourdingues sabotent l’existence des autres mecs. Donc au bucher les lourdingues! ;-)
        Et puis zut, quand une femme ne peux plus alaiter sans se faire emmerder par des pères la pudeur ou des agités du zgeg, ça déconne!

  2. “Sauf que, sans moyen de contraception, qui dit sexe, dit grossesses. Et dans une Allemagne coupée en deux, dévastée par les bombardements et donc sujette à une pénurie de logements, la perspective de concevoir un enfant ne fait pas rêver. Faute d’autres méthodes, beaucoup de femmes se débrouillent donc pour avorter, dans la clandestinité et souvent au péril de leur vie.”

    Petit complément d’info (un peu hors sujet):

    Pour les jeunes d’aujourd’hui et ceux qui n’avaient pas 20ans en 1989, il peut être dur de s’imaginer ce qu’était la division soviétique/OTAN du monde. Pourtant c’est un élément à intégrer si on veut comprendre l’Allemagne d’avant guerre.
    Comme Elle le précise, Beate Uhse vivait à en Allemagne de l’Ouest (RFA) et pas en Allemagne de l’Est (RDA).

    Beate, née en 1919, a connu presque 4 régimes politiques complètements différents.
    Jusqu’en 1918, l’Allemagne est un empire dirigée par un Kaiser, donc législation plutôt restrictive sur le contrôle des naissances.
    De 1919 à environ 1933, la République de Weimar est plutôt libérale sur le plan de la sexualité.
    En 1933, arrivée d’Hitler au pouvoir, la sexualité devient un moyen de produire de bon petits soldats “aryens”. Donc la production d’enfants entre allemands est encouragée quitte à les abandonner après la naissance pour qu’ils soient élevés par le régime (Lebensborn). L’avortement d’enfant “aryen” est passible de mort. A l’inverse, tout ce qui n’est pas production “d’aryens” est violemment découragé: le “crime contre la race” (faire un enfant avec un non-“aryen”) est institué, les handicapés sont éliminés (aktion T4).
    1945, fin de la période précédente. L’Allemagne est divisée en deux pays qui auront un destin différent de 1945 à 1989.
    La RFA était gouvernée par des démocrates chrétiens. Inutile de dire que la notion d’avortement et de restriction de la procréation étaient plutôt mal vues.
    A l’inverse, en RDA, la sexualité était assez libre (mais la pornographie interdite). L’éducation sexuelle était plutôt bien faite. Il y aurait pas mal à dire sur la question de la sexualité dans un régime totalitaire, mais outre le fait que le communisme est assez indifférent à la question de sexualité (et souhaite l’égalité des sexes), cela permettait: 1- de servir de défouloir au surcroît d’énergie de la jeunesse 2- de servir éventuellement de moyen de pression.
    Par exemple l’avortement hors raisons médicales sera autorisé en 1971 en RDA et en 1974 en RFA. L’avortement pour raisons médicales/ viols existait dès 1947 (1) en RDA et les pénalités avait été très fortement diminuées. La pilule contraceptive était gratuite et disponible dès 1966 en RDA.

    Il faudrait aussi mentionner les éléments de reconstructions. Par exemple, la RFA aura droit au plan Marshall qui lui permettra rapidement de retrouver le plein emploi, donc de permettre aux couples d’avoir les moyens financiers d’avoir des enfants.

    Ces différents régimes peuvent se retrouver dans l’iconographie (photos, œuvres d’art, etc.) d’époque.

    (1)-aparté- : Les grossesses en masse, il y en a eu pas mal juste après la guerre, pour cause de viol de masse sur la fin de la fin de la guerre. Majoritairement coté soviet (mais le camp OTAN n’a pas été innocent non plus). Là aussi il y aurait beaucoup à expliquer. -fin de l’aparté-
    Sources sur demande.

      1. Merci, j’avais peur de vous ennuyer. ;-).
        La sexualité, l’air de lien, est liée à l’Histoire mais aussi à la politique.
        Et la sexualité fait partie de l’Histoire.
        En général une sexualité libre, consentie et respecteuse des différents sexes est un signe d’une démocratie en très bonne santé. La frustration sexuelle, à l’inverse, est un moteur puissant pour agir.
        Après tout, les besoins de tout organisme vivant sont:
        – se nourrir
        – se reproduire.
        Et pouvoir se reproduire pour obtenir juste le plaisir mais pas la descendance est le signe qu’on est suffisament riche pour se le permettre.

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