Clarisse Calliopé, blogueuse soumise : interview

Clarisse Calliopé, blogueuse soumise : interview

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Clarisse Calliopé tient le site Soumise-blog.com, un blog consacré au BDSM. Sur son  raconte sa vie de soumise, ses rencontres et ses expériences. Elle partage également ses réflexions autour du BDSM, ainsi que des conseils pour qui souhaite s’initier à cet univers.

Nous lui avons proposé une interview, et Clarisse Calliopé a très aimablement accepté de répondre à nos questions.

Clarisse Calliopé, blogueuse soumise : interview
Clarisse Calliopé (source : son compte Twitter)

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Bonjour Clarisse Calliopé, pourrais-tu te présenter un peu pour nos lecteurs ?

Bonjour ! Oui, volontiers. Je suis une jeune femme ronde, bisexuelle, profondément soumise et masochiste. Depuis 5 ans, je possède un blog auquel je tiens beaucoup et j’écris de nombreux textes au sujet de mes séances et de mes questionnements en tant que soumise.

Tu te qualifies de soumise. Comment vis-tu ta soumission au quotidien ?

J’aimerais vivre ce que l’on appelle le 24/7, mais je suis tombée amoureuse d’un homme qui n’est pas Maître à l’origine. Alors, nous avons tissé avant tout une relation amoureuse disons “basique”. Je peux dire aujourd’hui que je suis davantage sa femme dans le quotidien et moins sa soumise. Nous nous réservons ces moments pour l’intimité. Alors, au quotidien, ma vie est assez banale je dirais, même si je peux avoir affaire aux ordres de mon Maître à n’importe quel moment.

Tu partages des instants très personnels de ta vie sur ton blog. Est-ce une sorte de journal intime pour toi ?

Oui, tout à fait ! C’est mon journal intime BDSM uniquement. Je prends soin de ne rien divulguer de ma vie personnelle par ailleurs, car je tiens à préserver cette “intimité” chez moi. Et puis j’estime que ça n’a rien à faire sur le blog. Concernant toute ma facette BDSM, j’aime à raconter mes séances, mes états d’âme, même si tout n’y est pas. Il reste des choses que je vis secrètement et que j’ai envie de garder pour moi, des moments souvent très précieux.

Comment qualifierais-tu ton BDSM ? Es-tu plutôt soumise, ou plutôt masochiste ? Ou les deux à égalité ?

Je pense que je suis les deux à égalité. J’aime autant obéir que d’être malmenée douloureusement. Ce sont deux choses qui m’excitent énormément.

Tu pratiques un BDSM que certains pourraient qualifier de “hard”. Quelle est la limite entre soft et hard pour toi ?

C’est une question que la communauté se pose énormément. Sommes-nous légitimes de nous considérer maso lorsqu’on aime la petite fessée alors que d’autre se font clouer les seins ? Je crois qu’il n’existe pas de jauge exacte et universelle pour délimiter le hard du soft, ni de pallier sur lequel nous pourrions dire “si tu dépasses cette douleur, alors oui, ça veut dire que tu es maso, sinon, tu ne l’es pas”.

Pour moi, ce qui est soft, c’est ce que l’on aime pratiquer, avec facilité et aisance, et le hard est ce que nous aurions plus de mal à pratiquer, apprécier, accepter même. Cette catégorisation est propre à chacun d’entre nous.

Pour ma part, je pense rester assez sage, le soft pour moi varie de la petite fessée aux coups de paddle s’ils sont modérés, et le hard serait au niveau de douleur supérieur ; tout ce qui occasionne des bleus je dirais et tout ce qui coupe ma respiration à l’impact. Cela peut être n’importe quoi, même une main nue.

interview Clarisse Calliopé
Clarisse Calliopé et son maître (source : son compte Twitter)

Quels sont tes accessoires BDSM préférés ?

Mes colliers restent et resteront toujours mes accessoires (tant bien même qu’on puisse les considérer comme tels) préférés. Ils font partie de moi, et sont chargé d’histoire, je les affectionne énormément.

Par ailleurs, j’aime beaucoup l’un de mes martinets, réalisé par mon amie Agnès qui m’a fait un cat-o’nine (chat à neuf queues en français, qui est un martinet à neuf lanières) en forme de roses, il est magnifique. Je plébiscite énormément le travail des artisans du cuir autour de moi, je trouve qu’ils ont un savoir-faire exceptionnel.

Et tes pratiques BDSM favorites ?

Je suis une soumise comme il en existe beaucoup : je suis très cérébrale et je jouis sans doute autant du corps que de l’esprit.

C’est pourquoi ce que j’aime avant tout ce sont les ambiances. Un Maître dur, charismatique pourra m’ordonner ce qu’il veut, j’adorerai. Alors, pour répondre à la question, je dirais que je n’ai pas de pratique favorite mais ce serait plutôt un état d’esprit : j’aime quand je me sens inférieure et matée, lorsque je suis humiliée aussi.

Quelle est la situation BDSM la plus intense que tu aies vécue selon toi ?

C’est une question assez difficile… Je réfléchis… La plus intense émotionnellement, c’est le jour où j’ai vécu ma toute première séance BDSM. Je tremblais de partout, ma tension était à son summum, je m’en rappellerai toute ma vie. C’est des choses qu’on ne vit qu’une seule fois.

Et la plus intense physiquement, c’est lors d’une séance de fouettage intensif, c’était dur mais c’était terriblement bon, j’ai adoré ça ! J’avais des bleus sur tout le corps, j’étais impressionnée moi-même.

Quelles sont tes limites ?

Mes limites sont assez simples : c’est lorsque le plaisir disparaît. J’ai du plaisir dans des actes très extrêmes, j’ai du plaisir à être dominée, utilisée, frappée, mais lorsque ça va trop loin pour moi le plaisir disparaît et là, mes limites sont franchies.

interview de Clarisse Calliopé, auteure de Soumise-blog.com
Clarisse Calliopé et son maître (source : son compte Twitter)

Sur le net, il y a beaucoup d’hommes en quête d’une soumise pour des raisons parfois peu recommandables. Parviens-tu à les éviter ?

Oui, avec le temps j’ai réussi à cerner même les plus malins, les menteurs, les beaux parleurs. En même temps voilà 7 ans que je baigne dans ce monde virtuel alors j’ai de l’expérience à ce sujet.

Après, en ce qui concerne les hommes de bas étages qui vous abordent en vous écrivant de but en blanc “obéis sale chienne”, j’ignore directement. Je n’ai pas de temps à perdre et j’ai cessé de tenter d’éduquer des hommes qui n’ont rien dans la cervelle, même pas un semblant de respect.

De manière plus générale, avec ton site, t’arrive-t-il souvent d’être contactée par des relous ? Comment réagis-tu dans ces cas-là ?

Non, très peu de relous me contactent via le blog, au contraire, je reçois beaucoup de longs mails de remerciement, très cordiaux, très respectueux et désintéressés aussi. Le monde du BDSM à mes yeux c’est celui-ci : une communauté bienveillante et très respectueuse.

Les relous qui m’abordent me contactent sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, ils ne lisent pas mon blog, car ils n’ont même pas cette curiosité de me lire. Ce qu’ils recherchent, ce sont des photos de moi nue, des échanges sexuels. Et comme je ne leur fournis pas cela, ils se désintéressent vite de moi et c’est très bien ainsi.

Sur ton blog, tu avoues vouer une admiration à la blogueuse soumise Céline Messine, dont le site n’existe plus. As-tu été en contact avec elle ? Si oui, as-tu des nouvelles d’elle?

Oui, j’admirais infiniment cette femme. Son blog m’a tellement plu. Lorsque je n’y connaissais rien au BDSM, j’ai lu ses mots et ils faisaient tellement écho en moi.

Parfois même, je trouvais qu’elle en faisait de trop sur son adoration vis-à-vis de son Maître, et en fait, lorsque j’ai rencontré le mien, tout a finalement pris sens pour moi, car je vivais tout ce qu’elle décrivait.

J’aurais beaucoup aimé la rencontrer, faire d’elle une amie. Mais lorsque j’ai commencé à écrire, elle m’a tout de suite détestée, et puis son blog à disparu. J’étais réellement triste de tout cela.

Depuis, je sais qu’elle a reprit une vie vanille totalement normale et qu’elle ne pratique plus du tout le BDSM. J’ai trouvé ça fou…

Aurais-tu des conseils à donner à nos lecteurs et lectrices qui souhaitent débuter le BDSM, en tant que soumis/es ou en tant que dominateur/rice ?

Oui bien sûr. Sur le papier, il y aurait des dizaines de conseils à prodiguer, mais je dirais qu’il y a quatre points plus importants que les autres :

  • La sécurité avant toute autre chose.
  • La communication, qui doit être optimale.
  • Le plaisir, qu’il ne faut jamais négliger, même si l’on est soumis.
  • La confiance, qui doit être absolue.

Si l’un de ces quatre points fait défaut, alors n’y allez pas… Vraiment. Si au contraire, tous sont satisfaisants pour vous, alors il ne vous reste plus qu’à vous laisser aller à toutes vos envies, même les plus folles.

Aussi, pour vous abandonner plus facilement, n’ayez pas peur d’établir un contrat, ou d’énoncer avant clairement vos désirs et vos limites pour vous permettre le moment venu un lâcher-prise total. Ça vous permettra d’éviter énormément de stress et de cafouillages pendant une première séance. Également, ça rassurera votre Dominant qui saura exactement quoi faire ou ne pas faire pour vous permettre de passer une très belle séance.

Et surtout, n’ayez pas peur de dire les choses, c’est super important.

Parmi tes récits, lequel est ton préféré ?

Je dirais sans grand étonnement le récit de ma toute première séance… Je peux la relire 100 fois, j’ai toujours la tête dans les étoiles à la fin, en repensant à cette soirée/nuit fabuleuse.

As-tu un sextoy de prédilection ?

Mon Satisfyer sans la moindre hésitation. Même si dernièrement, j’ai découvert le Lush 2 qui n’est pas mal du tout.

Clarisse Calliopé
Clarisse Calliopé (source : son compte Twitter)

Tu as écrit un livre, mais sur ton blog, tu sembles dire que cette expérience ne t’a pas plu. Pourrais-tu nous en dire davantage ? Recommandes-tu de le lire ?

Non, pas plu du tout. Pression pour écrire vite, je n’ai pas pris de plaisir, j’ai gratté des heures pour sortir quelque chose qui ne m’a pas satisfait, mon expérience avec le monde de l’édition a été désastreuse aussi, une vraie catastrophe… Mon livre ne s’est pas vendu, enfin, rien n’allait dans cette histoire.

Et puis je suis une bonne blogueuse, mais ça ne veut pas dire que je suis bonne écrivaine. Je pense que mes textes ont leur place sur le blog et pas ailleurs.

Tu nommes ton maître actuel Papang ? D’où vient ce surnom à la consonance plutôt rigolote ?

Oui, c’est cela, Papang, c’est ainsi qu’il s’est nommé de lui-même. Il n’a jamais voulu m’expliquer, et m’a plutôt invitée à chercher par moi-même.

Je sais ses origines réunionnaises par ailleurs, et j’ai trouvé via Google. Le papang est un oiseau que l’on trouve uniquement sur l’île de la Réunion. Alors pourquoi avoir choisi le nom d’un oiseau ? Aucune idée.

Tu as complètement arrêté le BDSM à une période ?

Oui, j’ai été détruite par l’accumulation d’hommes destructeurs dans ma vie… Être soumise, c’est quelque chose de rare, de noble, de précieux, mais trop d’hommes dominants abusent de leur charisme et détruisent sans même s’en rendre compte des femmes qui leur donnent absolument tout. Donner tout de soi, c’est fort, c’est beau, c’est puissant, mais c’est aussi dévastateur lorsque l’on s’en remet à la mauvaise personne. Alors j’ai saturé… Et j’ai dû couper avec tout ça.

Aujourd’hui, j’ai préféré me tourner vers quelqu’un d’extérieur à tout ça, et je suis beaucoup plus heureuse maintenant.

Ton blog existe depuis plusieurs années, et depuis sa création, ta situation a beaucoup évolué. Quel est ton regard sur tes premiers écrits ? Les considères-tu toujours sous un œil érotique ?

Oui, j’ai énormément évolué, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier tous mes articles, même les plus anciens. Je ne renie pas mon passé, j’ai d’ailleurs vécu des moments merveilleux que j’aime relire parfois. Aujourd’hui, je les vois d’un œil nostalgique et avec beaucoup d’émotion. Certains m’excitent même.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?

Continuer d’être heureuse, d’alimenter mon blog, d’apprendre à me renouveler aussi et réussir à garder avec moi tous ces lecteurs fidèles qui me suivent assidûment.

 

Un grand merci à Clarisse Calliopé pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.

Si cette interview vous a donné envie d’en savoir plus, vous pouvez retrouver Clarisse Calliopé :

Collectionneuse compulsive de sextoys, testeuse pointilleuse et exhibitionniste débutante.

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